Comprendre le faux self, ce masque qui vous épuise
Dernière mise à jour : 2 févr.
Faux self et true self, termes inconnus du grand public il y a quelques années, sont de plus en plus populaires, particulièrement dans le milieu du développement personnel. Formulés par le psychanalyste et médecin Donald Winnicott, ils ont pris leur essor, dans un monde où la question de la représentation sociale et de l'authenticité est devenue centrale.
Comment comprendre le faux self ? Quels en sont les enjeux lorsqu'on fait face à un burnout ?

Faux self : un masque nécessaire en société
Tout d'abord, éclaircissons une chose : le faux self, souvent assimilé à un "masque social", est une réalité normale pour l'ensemble des personnes évoluant dans des sphères sociales. Tous les jours, nous nous conformons à des normes attendues, qui varient en fonction de la situation, des groupes fréquentés, de notre milieu socio-professionnel...
Et oui, malgré le caractère unique de chaque humain, il est admis que s'intégrer à un groupe requiert de se conformer à certaines constantes qui constituent un ciment rassurant pour l'édifice social. Autrement dit, nous avons une connaissance plus ou moins consciente de ce qu'un groupe peut attendre de nous pour que notre expérience commune soit la plus harmonieuse possible.
Lorsque je passe la porte du travail, je salue tout le monde, je souris, et je dis "ça va", même si je ne vais pas forcément très bien. Je n'évolue pas dans une transparence totale mais sait implicitement ce qui n'a pas vocation à être montré, ce qui peut être exprimé, et ce qui est davantage de l'ordre de la performance. Je m'adapte à mon entourage, avec la conscience que mes réactions ne peuvent pas être totalement spontanées mais au contraire qu'elles doivent souvent être réfléchies.
Ce comportement de conformité aux attentes de l'autre peut prendre une dimension étouffante lorsque le contrôle de soi et l'adaptation devient permanente.
Quand le faux self nous mène au burn-out
Là où l'adaptation est une compétence nécessaire en société, et même valorisée, elle peut devenir un frein à l'épanouissement personnel. En effet, que se passe-t-il si je formule mes réponses et mes réactions uniquement dans le but de satisfaire les personnes autour de moi ?
Quelle place reste-t-il pour l'expression spontanée de mes ressentis, de mes besoins, de mon opinion ? Puis-je encore "être moi-même"? A force d'efforts et de comportements orientés vers une forme de séduction de l'autre, le faux self occupe tout l'espace. L'expression de soi revêt une tonalité négative. Etre soi, c'est risquer de déplaire et d'être rejeté.
On peut entrevoir ici tout ce que les réseaux sociaux, le culte de l'image et de la performance peuvent avoir de toxique ! D'irréaliste aussi, car satisfaire les attentes de tous est un combat perdu d'avance.
L'essor du développement personnel orienté vers l'expression authentique de soi est alors tout à fait compréhensible. Avoir avoir vécu un burnout, il est tout à fait logique de vouloir se préserver et revenir à une vie au plus près de ses besoins.

Naturopathie, développement personnel et faux self
Dès le premier bilan en naturopathie, l'enjeu est de tomber le masque. En toute transparence, la personne qui vient en consultation peut relater son histoire ; le naturopathe au cours de l'entretien peut établir les forces et les fragilités, le terrain de la personne sans échelle de jugement ou de performance. Il n'y a pas de bons ou de mauvais points, et c'est ce qui fait de l'approche en naturopathie un outil libérateur pour un consultant en épuisement : il peut reprendre les cartes en main et comprendre le cheminement du burnout. Ce qui s'est joué dans le corps, dans les émotions. Etablir sa carte du territoire physique et mental, mettre du sens.
Le développement personnel est un complément intéressant : il offre des clés pour appréhender les ressorts du faux self. Tous ces outils, utilisés à bon escient, peuvent être tout à fait éclairants lorsqu'on cherche à surmonter un burnout et ne pas retomber dans les même pièges. Mais attention : la chasse au faux self attire aussi nombre de personnes plus moins bien intentionnées (voir mon dernier article sur les gourous du burnout et du développement personnel)
Les limites de la "lutte" contre le faux self : dérives
Comme toute notion qui a gagné en popularité, le faux self est devenu un concept "bankable". Le parallèle avec l'évolution des réseaux sociaux est tout à fait parlant et ce sujet. On n'a jamais vu autant de vidéos et de posts sur la question de l'authenticité. Il faut être "vraiment soi", et les influenceurs à la vie parfaite sont de plus en plus critiqués. Se montrer sous un jour positif oui, mais en restant accessible, en laissant apparaître des failles, un recul, une forme d'autodérision. Assumer.
S'ensuit une course à celui qui sera le plus vrai et surtout qui se connaîtra le mieux. Il faudrait donc être entièrement au clair avec ce qu'on est, ce qu'on aime, ce qu'on veut. Avoir un travail qui nous passionne. Etre soi en toutes circonstances, quitte à mettre à distance l'entourage... Et c'est là que le développement personnel peut devenir toxique voire sectaire. Lorsqu'il nous éloigne de tout groupe, lorsqu'il nous isole, lorsque finalement il nous coupe d'une des capacités fondamentales de l'être humain qui est celle de fonctionner en société, même avec des personnes avec qui on ne partage pas les mêmes idées ou traits de personnalité.
Intégrer la notion de faux self de façon globale avec la naturopathie
La conclusion n'est pas de mettre à la poubelle toute approche en développement personnel lorsqu'il s'agit du burnout et du faux self ! Comme souvent, il est plutôt question d'opter pour un choix raisonné et un accompagnement qui a du sens.
En parler avec un professionnel de santé, se faire accompagner par un psychologue, compléter le suivi avec un conseil en naturopathie ou en développement personnel sont des options qui permettent de cheminer avec sérénité.
La naturopathie peut remplir un rôle intéressant lorsqu'elle s'inscrit dans cette globalité : il est alors possible de mieux comprendre physiologiquement ce qui peut prévenir le burnout ou au contraire favoriser les tensions et les problématiques liées à un faux self dévorant.